Le nombre de faillites explose en 2023 : les effets retard du Covid et de l’inflation
De mars à avril, le nombre de faillites a augmenté de 10,9 %. En un an, la hausse est même de plus de 30 %.
Depuis trois ans, les crises se sont succédé. Entre le confinement du printemps 2020 et toutes les mesures restrictives qui ont poursuivi certains secteurs durant près de deux ans, et la crise énergétique qui a pris le relais à la fin de l’hiver 2022, nombreux sont les secteurs qui n’ont pas eu de répit. Et si des aides fédérales et régionales ont aidé les entreprises belges, elles ne sont pas éternelles. C’est d’ailleurs là que le bât blesse aujourd’hui.
Selon le dernier rapport de Statbel, le nombre de faillite a augmenté de 10,9 % de mars à avril 2023. On grimpe même à 31,8 % par rapport à avril 2022. Des chiffres conséquents détaillés par l’office belge des statistiques. “Le nombre de faillites enregistré en avril 2023 est plus élevé que celui du même mois en 2022 (+31,8 %) mais est plus faible que celui de 2019 (-12,5 %). Bien que le nombre de faillites enregistré en avril 2023 représente une augmentation par rapport à mars 2023 en Région wallonne uniquement (+4,0 %), seule la Région flamande avec 441 faillites a vu ce nombre être supérieur à celui d’avril 2019 (+4,8 %), apprend-on. Par ailleurs, le nombre de faillites enregistré en avril 2023 a diminué dans tous les secteurs d’activité par rapport à mars 2023 sauf dans celui de l’horeca (+11,1 %). En comparaison du mois d’avril 2019, seuls les secteurs des transports et entreposage (59 contre 45) et de la construction (173 contre 170) ont vu leur nombre de faillites progresser.”
Des chiffres qui ne vont donc pas dans le bon sens mais qui ne surprennent pas, malheureusement. L’économiste Bruno Colmant nous a livré son analyse de la situation. “Cette situation était attendue, affirme-t-il. Il y a un effet retard par rapport aux moratoires sur les faillites et aux deux crises que nous venons de vivre.
Ceci dit, je pense que les faillites que l’on connaît actuellement sont moins dues au Covid qu’à l’inflation. Durant la crise sanitaire, il y a eu des aides multiples et variées pour les indépendants, ce qui a moins été le cas avec la crise énergétique.
Avec cette crise inflationniste, tout le monde a subi la hausse des prix et surtout l’indexation des salaires. Si ce système est bénéfique pour les travailleurs, cela pèse énormément sur les entreprises.
La clé en période d’inflation, c’est de répercuter la hausse des prix sur le client final. Et tout le monde n’y arrive pas.”
Il reste tout de même positif pour la suite. “Si on voit les choses différemment, il est intéressant de se pencher sur les chiffres relatifs aux créations d’entreprises. Dans une période comme celle-ci, il y a souvent un roulement de l’économie qui se fait.
On vit une période de relance après deux crises qui ont déstructuré les entreprises belges. Certains préfèrent faire faillite pour relancer un nouveau projet dans la foulée.”
L’économiste pense donc qu’on entre dans une nouvelle réalité. “Les prix ne vont pas baisser, mais on devrait assister à une certaine stagnation”, conclut-il.
Source : La DH
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