Fini les vols passagers pour Air Belgium, qui se place en réorganisation judiciaire
La société aérienne Air Belgium a demandé la réorganisation judiciaire pour axer son développement exclusivement sur le cargo et le leasing d’avions.
Fini de voyager avec Air Belgium, secouée depuis ses débuts par les crises successives et par l’instabilité actuelle de l’environnement socio-économique et géopolitique. Le conseil d’administration d’Air Belgium demande une réorganisation judiciaire. L’idée étant de se concentrer sur le leasing d’avions B2B et le cargo. Lundi, le CEO Niky Terzakis se refusait à tout commentaire à la presse, préférant se focaliser sur la communication et l’organisation interne de la compagnie.
Pour les passagers vers l’Afrique du Sud et l’île Maurice, les vols continueront jusqu’au 3 octobre. Si la PRJ est acceptée, les « vols programmés après le 3 octobre 2023 et déjà payés par les voyageurs seraient annulés et seraient prioritairement remboursés dans le cadre de la procédure ».
Pour les passagers dont le retour est après le 3 octobre, Air Belgium garantit que le retour sera pris en charge « en propre ou par le biais d’autres compagnies ». Une fois la PRJ confirmée, 20.000 personnes verraient donc leur ticket annulé.
Réorganisation judiciaire
« Afin de faire face à sa dette actuelle et renouer avec la rentabilité, le CA d’Air Belgium a déposé une requête de procédure en réorganisation judiciaire (PRJ) par accord amiable », communique la société.
Le CEO de l’entreprise, Niky Terzakis, l’avait déjà dit à plusieurs reprises, sa compagnie n’a jamais été épargnée. « Cette compagnie survit, entreprend. Mais ce sont les montagnes russes », nous confiait-il en septembre dernier. C’est particulièrement vrai depuis 2020 et le Covid. Air Belgium venait de clôturer sa première année dans le vert en 2019, la seule de son existence, puis le Covid a frappé.
Depuis, la compagnie qui doit financer une flotte de 9 avions et ses coûts fixes enchaîne les exercices délicats. En 2022, elle affichait une perte de 45 millions d’euros et des capitaux propres négatifs de 41 millions d’euros. La pandémie était d’autant plus dure que la jeune compagnie n’avait alors que quatre ans. Puis, tandis que les nuages du Covid se dispersaient, c’est la guerre en Ukraine qui a ensuite éclaté, avec la flambée des prix sur le carburant.
Air Belgium justifie également ses déboires par « l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des clients. » C’est cet « environnement incertain », en plus des difficultés financières du passé, qui pousseraient aujourd’hui Air Belgium à demander de se mettre à l’abri de ses créanciers.
Continuité du cargo, maintien du personnel
Les activités cargo et de location d’avion (ACMI) continuent malgré la PRJ. Le but étant de les renforcer à l’avenir. L’orientation vers du fret avait déjà été prise pendant la pandémie. Hongyuan était ainsi devenu actionnaire à hauteur de 49% de l’entreprise et un nouvel actionnaire chinois devrait arriver à bord. Comme nous l’écrivions récemment, la Belgique vient de discrètement signer un accord avec la Chine pour augmenter les vols entre les deux pays.
De nombreux vols supplémentaires sont notamment possibles vers la Chine pour les compagnies basées en Belgique, ce qui pourrait constituer une opportunité pour une compagnie comme Air Belgium, qui serait principalement orientée vers le cargo. Le fret avec la Chine n’ayant pas vocation à diminuer.
Le personnel, lui, ne doit pas s’inquiéter, si l’on en croit le communiqué d’Air Belgium. « Les employés liés à l’activité passagers restent actifs durant la procédure et au-delà, la direction entend les réaffecter graduellement aux autres activités opérées par la société », communique Air Belgium.
L’histoire d’Air Belgium est aussi fortement liée à Wallonie Entreprendre (ex-Sogepa) qui a accompagné à plusieurs reprises l’entreprise financièrement.
Cela serait spécifiquement rendu possible par la location d’avions à des tiers. Il est en effet fréquent dans l’aviation de louer des avions avec le personnel pour des compagnies tierces, c’est ce qu’on appelle du « wet lease » dans le jargon par opposition au dry lease, une location d’avion sans personnel.
Air Belgium opère par exemple des liaisons Varsovie-New York quotidiennement pour Lot Polish Airlines et travaille également avec Royal Air Maroc et British Airways.
Quid des actionnaires?
L’histoire d’Air Belgium est aussi fortement liée à Wallonie Entreprendre (ex-Sogepa) qui a accompagné à plusieurs reprises l’entreprise financièrement. La Région wallonne, via Wallonie Entreprendre (WE), a déjà injecté 15,7 millions d’euros en capital, 1,8 million d’euros en prêt et 3,5 millions d’euros en garantie. WE n’a plus investi depuis plus de 2 ans dans l’entreprise.
La Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI) est aussi actionnaire d’Air Belgium (12,5%) en plus de Sabena Aerospace, de Niky Terzakis et de Wallonie Entreprendre. Le Fédéral a investi 7.2 millions dans Air Belgium. Officiellement, tant que la société n’a pas fait faillite, cet argent ne s’est donc pas encore envolé.
Quant au nouvel actionnaire chinois qui doit également monter à bord de l’entreprise: « L’opération est toujours en cours, mais son nom ne sera pas communiqué. Il n’y a pas de lien avec l’annonce du jour », nous répond-on chez Air Belgium. Il nous revient cependant que les discussions ont pris un peu de retard.
Fini les vols passagers pour Air Belgium, qui se place en réorganisation judiciaire
Voir aussi : https://www.faillitimmo.be/2023/07/04/wallonie-les-faillites-en-hausse/
Source : L’Echo.