La société Liege-Tax est en faillite, sa patronne en a ras-le bol de l’évolution du secteur et des travaux au centre-ville
Vous ne verrez plus les taxis au logo « Liège-Tax » circuler dans la région. Cette société qui se présentait comme « la n°1 des taxis liégeois » a en effet été mise en faillite par sa patronne qui en avait ras-le-bol de l’évolution du secteur. Une vingtaine de chauffeurs et de véhicules sont concernés.
Après la société Transervices en juin, c’est Liège-Tax qui vient d’être déclarée également en faillite en ce mois de septembre par le Tribunal de l’Entreprise de Liège. Installées à Grivegnée, ces deux sociétés existaient depuis 1985 et appartenaient à Carine Boonen (58 ans). Après les avoir reprises à son père, elle les avait fait grandir et se hisser parmi les plus grosses de la région liégeoise.
Malheureusement, devant l’évolution du secteur, elle a décidé de jeter l’éponge. « C’est devenu de plus en plus compliqué, explique-t-elle. Depuis le covid, tous les problèmes se sont accumulés et les clients ont pris d’autres habitudes. »
Et de citer : « Le carburant qui coûte de plus en plus cher, l’indexation des salaires, les charges sociales. Et même si nous n’avons pas la concurrence du service en ligne Uber à Liège, depuis le covid, beaucoup de chauffeurs se sont fait une clientèle particulière en donnant leur numéro de gsm. Et ils gagnent davantage en restant au chômage et en travaillant en noir avec leur véhicule privé. »
Des «taxis-pirates» en quelque sorte qui exercent sur le secteur une grosse concurrence déloyale.
Quant aux emplacements taxis, il n’y en a quasi plus et ils sont squattés en permanence par des véhicules privés. « Quand je pense qu’on paye 600€ de redevances par an et par véhicule à la Ville pour les utiliser ! »
Toutes ces raisons ont fait qu’à l’approche de la soixantaine, Carine Boonen a décidé d’arrêter les frais. Ces deux sociétés ont été récemment mises en faillite laissant 24 véhicules et une vingtaine de chauffeurs dans l’expectative. Mais, et elle insiste, « ma décision n’a rien à voir avec ma condamnation pour fraude sociale de décembre pour laquelle je suis d’ailleurs toujours en appel. Ça, c’est un vieux dossier qui remonte à plus de dix ans. Non, je n’ai simplement plus l’âge ni l’envie de m’occuper de tous ces soucis-là. »
Pour rappel, Carine Boonen avait en effet été condamnée en décembre dernier à une peine d’un an de prison avec sursis et à 2,5 millions d’amendes et de confiscation suite à une vaste fraude à la sécurité sociale pour des faits remontant aux années 2010 à 2014.
Les travaux
A cela s’ajoutent également les difficultés de circuler dans le centre-ville. « Avec tous les travaux du tram, les chauffeurs restent coincés dans les embouteillages durant des heures, les clients sont mécontents. » Un exemple parmi d’autres ? Il faut en moyenne une heure désormais pour amener les pilotes de Liège Airport à l’hôtel Mercure au centre-ville. Pour une somme forfaitaire de 13 euros…
Le dossier est désormais dans les mains d’un curateur, Pierre Machiels du barreau de Huy. Ce dernier a déjà revendu le numéro de téléphone de la centrale Liège-Tax (le 04/367.50.40) parce qu’il revêt encore une certaine valeur commerciale. Ce qui explique qu’il est toujours en fonction.
Quant aux négociations pour la reprise des 24 véhicules et des chauffeurs, elles se poursuivent avec les deux sociétés concurrentes liégeoises que sont les taxis Melchior et les taxis Kronos. Mais aussi avec la Ville de Liège pour les autorisations d’exploitation nécessaires.
