Après un été plus calme, l’automne est plus chahuté sur le front des faillites
D’après le cabinet Altares Dun&Bradstreet, le 3e trimestre 2023 a connu un recul des faillites. Une accalmie qui pourrait être de courte durée, comme le démontre Graydon.
Durant les mois de juillet, août et septembre, le nombre de faillites a baissé de 25,9% comparé au trimestre précédent: 2.343 faillites ont été enregistrées sur cette période, d’après une étude publiée par Altares Dun&Bradstreet. Un niveau qui reste néanmoins plus élevé qu’au 3e trimestre 2022, où 2.010 faillites avaient été comptabilisées. L’accalmie s’annonce de courte durée.
Incertitudes liées aux prix de l’énergie
« Si l’on met les chiffres relatifs aux faillites en regard du produit national brut (PNB), la situation semble revenir lentement aux niveaux d’avant la pandémie de Covid-19 », signale Joris Peeters, le chief data scientist du cabinet de consultance. Un nouveau signe qui prouverait que l’économie belge a bien résisté aux récents chocs macroéconomiques.
Mais il ne faut pas crier victoire. Le risque plane toujours au-dessus de la tête des entreprises. « Nous devons rester vigilants, une hausse soudaine des prix de l’énergie, due par exemple à un hiver rigoureux ou aux nouveaux événements géopolitiques autour du conflit israélo-palestinien, et de celui entre la Russie et l’Ukraine, pourrait rapidement perturber cette situation stable. Le quatrième trimestre pourrait présenter un bilan très différent à cet égard« , explique Joris Peeters.
Les chiffres publiés ce jeudi par Graydon l’attestent d’ailleurs. Après une première remontée en septembre, le mois d’octobre a également affiché un niveau plus élevé de faillites que durant l’été. 997 entreprises ont mis la clé sous le paillasson, ce qui représente une hausse de 1,94%, en comparaison avec octobre 2022.
Depuis le début de l’année, on totalise donc 8.813 entreprises ayant fait faillite, soit 7,82% de plus que l’an dernier sur la même période. « Mais cela reste en dessous des niveaux que l’on a connus en 2020 », note Graydon.
Régions et secteurs les plus touchés
Sur les 10 premiers mois, Graydon constate que l’impact particulièrement marqué en Flandre persiste. « Avec 5.201 déclarations de faillites (+9,77%), les records absolus que nous avions déjà constatés les mois précédents se confirment. En Wallonie, on note 2.189 déclarations (+21,54%), tandis qu’en Région bruxelloise, on constate une baisse de -10,78% des faillites. »
Cette tendance marquée en Flandre proviendrait notamment des jeunes entreprises (moins de 5 ans), qui représentent à elles seules près de la moitié des faillites enregistrées dans la région (46,67%, contre 41,35% au niveau fédéral).
Côté sectoriel, les faillites ont surtout frappé la construction, le commerce et l’horeca, des secteurs qui connaissent d’ailleurs traditionnellement un taux plus élevé.
Hausse des pertes d’emploi
« Aujourd’hui, certains défis se sont ajoutés dans la balance, explique Joris Peeters. Le secteur de l’horeca est confronté à une pénurie de main-d’œuvre, tandis que la construction et les transports doivent faire face à une hausse de l’inflation. En outre, ces deux secteurs ont fortement ressenti les effets de la crise énergétique. »
« Le secteur de la construction, sur les 10 premiers mois de l’année, enregistre d’ailleurs un record absolu de 1.797 faillites, qui se concentrent particulièrement dans le Brabant flamand et à Liège », note Graydon, qui évoque aussi une hausse de 12% dans le secteur du transport et de 18,4% dans l’horeca, par rapport aux dix premiers mois de 2022.
Enfin, sur le front de l’emploi, quelque 1.815 jobs sont passés à la trappe au mois d’octobre. À cet égard, le bilan de l’année 2023 s’annonce plus sévère qu’en 2022: sur les dix premiers mois, 17.534 emplois ont déjà été perdus, contre 13.424 sur la même période en 2022. Soit une hausse de 30,6% des pertes d’emploi.
Source : L’Echo