La Wallonie vers la faillite? “Nos enfants et nos petits-enfants ne vont jamais nous pardonner”
Pour Cécile Neven, la nouvelle administratrice générale de l’Union wallonne des entreprises, la situation financière de la Wallonie est désastreuse, à tel point qu’elle risque la faillite.
“On a trois milliards de déficit. Si le gouvernement wallon va dans la bonne voie dans le sens où il essaie de réduire le déficit, le budget wallon reste un casse-tête. C’est un document illisible. Pour localiser une ligne d’économies structurelles, il faut se lever tôt. Cela reste très compliqué”, analyse-t-elle.
Elle va même un pas plus loin en évoquant une possible “faillite” de la Wallonie. “Je pense que oui. Je pense qu’il faut absolument redresser le tir. Nous devons absolument nous réserver une capacité d’investissement pour des projets structurants pour la transition. On est absolument confrontés à ça. Nos enfants et nos petits-enfants ne vont jamais nous pardonner de leur léguer une dette qui est impayable au motif que nous, on a choisi de vivre au-dessus de nos moyens”, prolonge-t-elle.
Les deux principales difficultés pour la “patronne des patrons”? L’absence de priorités et le saupoudrage. “Pour moi, notre leitmotiv, c’est vraiment prioriser”, a-t-elle ajouté.
L’action des gouvernements devra se poursuivre pleinement jusqu’au 9 juin, exhorte l’UWE
L’action des différents gouvernements devra se poursuivre pleinement jusqu’au 9 juin, jour des élections fédérales et régionales, exhorte lundi l’Union wallonne des entreprises (UWE) dans son point conjoncturel de décembre. “Tout ralentissement de l’action publique, phénomène fréquent en période (pré)électorale, serait extrêmement dommageable pour les entreprises, les emplois et la transition de notre société”, met-elle en garde. Des réformes structurelles d’envergure seront ensuite indispensables et devront être à l’agenda du prochain gouvernement régional, insiste l’organisation patronale.
Selon les résultats de l’enquête conjoncturelle menée auprès des entrepreneurs wallons, l’activité économique montre des signes de stabilisation. Cette perspective était attendue, explique l’UWE, vu le contexte international dégradé.
Si les exportations wallonnes avaient déjà marqué une contraction importante sur le début de l’année (- 9,3% sur les 6 premiers mois), les perspectives restent défavorables pour les prochains mois. Bien qu’en diminution depuis quelques mois, l’inflation sous-jacente reste, elle, à un niveau élevé (6% en novembre), et la tendance est similaire dans la zone euro, ajoute l’UWE, selon qui une détente de la politique monétaire reste assez improbable à court terme.
40.000 postes à pourvoir
Pourtant, et en dépit des taux d’intérêt relativement élevés, les investissements des entreprises wallonnes semblent résister, constate l’organisation patronale. À ses yeux, cette situation s’explique par l’impossibilité pour les entrepreneurs wallons de repousser indéfiniment leurs investissements. Les perspectives d’engagement montrent une relative résilience en Wallonie, note l’UWE. De nombreux postes restent en effet toujours non pourvus (plus de 40.000), et nombre d’entreprises choisissent de conserver leur personnel, malgré une demande en baisse, pour s’épargner les aléas des procédures de recrutement.
Pour trouver des solutions à cette conjoncture morose, les entrepreneurs auront besoin de l’assurance de la part des autorités, régionales comme fédérales, que leur cadre va s’améliorer, insiste l’Union wallonne des entreprises. “À court terme, cela signifie que l’action des différents gouvernements devra se poursuivre pleinement jusqu’au 9 juin.(…) À moyen terme, il sera nécessaire de concevoir et de mener les politiques structurelles dont la Wallonie, et plus largement la Belgique, ont cruellement besoin”, invite l’organisation.
Et l’UWE de rappeler les priorités de son mémorandum électoral présenté mi-novembre: la mobilisation des talents, la transition énergétique, la recherche et une action publique efficiente. “Le contexte économique actuel ne permet aucun relâchement. Des dossiers cruciaux pour notre avenir restent à faire aboutir, comme la réforme de l’accompagnement adapté des demandeurs d’emploi, la réforme du Permis d’environnement, la réforme des aides à l’investissement, etc. Notre message est clair : la Wallonie ne peut se permettre un ralentissement de l’action publique”, conclut Cécile Neven, CEO de l’Union wallonne des entreprises.