19 % de PME en plus en dix ans en province de Liège, mais une sur quatre en bonne santé il y a un an est en difficulté maintenant
Avec 74.118 entreprises de moins de 50 travailleurs, la province de Liège est dynamique au niveau socio-économique. Mais si les PME augmentent, leurs difficultés aussi, notamment suite aux différentes crises. L’UCM dresse l’état de santé de la province.
Quel est l’état de santé socio-économique de la province de Liège ? C’est la question que s’est posée l’Union des Classes Moyennes (UCM) qui sort un rapport grâce aux données de Graydon, basé sur les comptes annuels des sociétés et d’autres données économico-financières. Ils se sont intéressés aux sociétés de moins de 50 travailleurs, celles qu’on appelle communément les PME (Petites et Moyennes Entreprises). Une analyse fouillée, qui est « un outil d’aide pour nous et pour les indépendants qui veulent se situer par rapport aux autres PME », indique Valérie Saretto, secrétaire générale de l’UCM pour la province de Liège.
Cette cartographie montre d’abord que le tissu socio-économique est dynamique en province de Liège. Fin 2023, on y trouvait 74.118 PME, un chiffre en augmentation de 18,65 % en 10 ans. Une augmentation inférieure à la moyenne belge (+26,6 %) mais supérieure à l’augmentation wallonne (+12,9 %) et bruxelloise (+15 %). En Belgique, neuf PME sur dix n’ont pas de salarié.
Ces PME sont plutôt jeunes puisque 41 % ont moins de 10 ans chez nous. Il n’y en a que 33 % de plus de 20 ans, ce qui montre une réelle difficulté au niveau de la transmission des entreprises. « C’est un souci en termes de maintien de l’emploi, des compétences et du savoir-faire », pointe Valérie Saretto. « C’est là que des efforts doivent être faits, pour faciliter la transmission », abonde Jean Jungling, directeur UCM pour les arrondissements de Verviers et Huy. « Ce n’était pas comme ça dans les années 2000. Mais on est maintenant plus exigeants en matière de solvabilité et de liquidités, donc les entreprises tiennent plus longtemps. »
Sans surprise, c’est le secteur des services qui génère le plus de PME (38 % en province de Liège) et surtout les services aux entreprises, puis en matière immobilière et aux personnes. Il est suivi par la construction et l’industrie. Le commerce de détail progresse de 11 % en dix ans : « Ce sont la grande distribution et le commerce de périphérie qui progressent, mais les centres-villes perdent », commente Jean Jungling.
Davantage de faillites
Mais si le nombre global de PME est en hausse, malheureusement celui des faillites aussi. Il était de 998 en 2023 pour la province de Liège, soit une augmentation de 39,4 % par rapport à l’année précédente ! Certes, c’est moins qu’en 2013 ou en 2014, mais c’est plus que toutes les autres années depuis. Et il est bien difficile d’expliquer le pourquoi de cette hausse spectaculaire, un effet de rattrapage après le Covid pouvant difficilement être avancé puisqu’en 2023, la hausse n’est que de 7,6 % dans le Hainaut par exemple.
Notons que ces chiffres communiqués par Graydon sont légèrement différents de ceux que le président du tribunal de l’Entreprise de Liège nous communiquait à la mi-janvier, une différence qui s’explique parce que des faillites sont prononcées par défaut puis contestées par après et parce que des Procédures de Réorganisation Judiciaire (PRJ) peuvent se transformer en faillite plus tard.
Autre mauvaise nouvelle, davantage de sociétés qu’avant sont en mauvaise santé financière. La faute aux différentes crises (du Covid, énergétique…) qui se sont succédées ces derniers temps. L’UCM a donc développé un ratio de « résistance aux chocs » pour analyser quelles sociétés sont les plus à même de traverser les crises, notamment parce qu’elles ont des réserves. Portant le nom un peu barbare de « Analyse 9-grids », ce ratio montre qu’une PME sur quatre considérée en bonne santé au 31 décembre 2022 se retrouve maintenant avec un besoin d’injection de liquidités.
« L’an passé, ils étaient un sur trois, donc la situation s’améliore un peu. Les entrepreneurs seuls, sans personnel, ont mieux résisté aux chocs parce qu’ils n’ont pas eu d’impact des indexations successives des salaires. Mais il y a tout de même des risques de pertes d’emplois chez nous suite à cette fragilité », poursuit Valérie Saretto.
L’UCM réclame, notamment, de baisser le coût du travail pour développer l’embauche – avec notamment la poursuite du principe « zéro coti(sation) » pour la première embauche – et d’attirer les jeunes dans les filières en pénurie via la création d’entreprises.