Pourquoi les restaurants ferment les uns après les autres ?
Le secteur Horeca est en crise et de plus en plus de restaurants doivent mettre la clé sous la porte. On vous explique pourquoi.
Un total de 10.243 entreprises ont été déclarées en faillites en Belgique l’an dernier, soit une hausse de 11% par rapport à 2022 (9.265 faillites), selon les chiffres de Statbel. Il s’agit du troisième résultat le plus élevé de ces dix dernières années.
L’horeca n’est pas en reste puisque 1.158 sociétés ont déposé le bilan en 2023, soit 13,1% de plus qu’en 2016 (1.024). En août de l’année passée, il s’agissait même du secteur le plus touché par les faillites en Belgique.
Mais pourquoi les restaurants sont-ils si nombreux à fermer ? La RTBF s’est posée la question dans son émission #Investigation (diffusion ce mercredi soir) dans laquelle elle suit le quotidien de trois restaurateurs : « On veut proposer de bons produits à des tarifs démocratiques en rémunérant correctement notre personnel. Le problème c’est que ce n’est plus possible », déclare Pia Renaudat, cheffe du restaurant le Petit Mercado à Saint-Gilles.
Inflation, hausses du coût de la vie, crise de l’énergie, covid, charges sur le travail… Les différentes crises n’ont pas aidé les restaurateurs à s’en sortir. Pour garder la tête hors de l’eau, Marie et Sophie Marconi du restaurant Chabrol (Bruxelles), ont d’ailleurs dû adapter leur mode de vie. Elles habitent en collocation, évitent les sorties loisir trop couteuses et se nourrissent dans leur restaurant.
Les établissements qui proposent des prix « moyens » seraient les plus impactés par cette crise du secteur : « Ils sont entre les pizzerias et les fast-foods d’un côté et les restaurants étoilés de l’autre », explique Elisabeth Debourse, rédactrice en chef de Fooding, à nos confrères.
Salaires trop bas
Si les trois restaurants suivis par la RTBF fonctionnent bien au niveau du nombre de clients, les gérants n’arrivent pas à suivre financièrement. Stefan du restaurant gastronomique Hors Champs travaille 90 heures par semaine, ne gagne que 2.300 euros net par mois et son établissement est en légère perte financière.
Il est également difficile de payer du personnel et de le motiver à travailler de nombreuses heures pour un salaire pas très attractif, selon le guide Fooding : « Rien que pour son ou sa commis·e, l’employeur·se doit débourser à la grosse louche 3 500 € par mois. Les cotisations sociales sont évidemment nécessaires pour le bon fonctionnement de la société belge, mais dans la situation actuelle, je me demande tout de même comment les restaurants font pour les endosser, elles qui représentent 60 % de ce qui se retrouve dans la poche de leur employé·e ».
Des mesures demandées par le secteur
Face à ce constat, la Fédération Horeca Wallonie avait réclamé plusieurs mesures en octobre de l’année passée. Dans un communiqué, la Fédération Horeca Wallonie demandait d’abord au gouvernement l’adoption de règlementations « équitables et identiques » pour toutes les activités Horeca et partout afin d’éviter la concurrence déloyale.
Le secteur réclamait aussi un taux réduit de TVA à 12% pour les boissons non alcoolisées consommées sur place, ainsi qu’une indexation et une extension de la réduction pour groupe cible existante aujourd’hui pour un maximum de cinq travailleurs à temps plein dans le secteur. Enfin, les patrons du secteur aimeraient une extension des heures supplémentaires brutes-nettes de 360 à 450 pour les travailleurs fixes.
« Les chiffres de Graydon (sur les faillites) appellent à l’action. Ne rien faire et attendre le prochain gouvernement n’est vraiment plus une option pour nous. Avec Horeca Vlaanderen, Horeca Bruxelles et Comeos, nous proposons donc un paquet cohérent de mesures qui aideront efficacement ceux qui travaillent correctement aujourd’hui« , estimait Luc Marchal, président de la fédération HoReCa Wallonie.
Pour Stefan de chez Hors Champs, les autorités doivent absolument aider le secteur en diminuant les charges sur le travail.