Bruxelles : cette boutique originale contrainte de fermer malgré son succès
Une adresse chouchou des fashionstas bruxelloises
C’était pourtant devenu une adresse incontournable pour tous les mariages, les cocktails, les soirées habillées et autres bals d’université : la boutique Coucou Shop installée dans le quartier du châtelain vient de l’annoncer via son compte Instagram : c’est fini. Les propriétaires s’expliquent: « On y a cru jusqu’à la dernière minute, qu’on allait y arriver, qu’un autre modèle est possible (et ça on y croit encore). La décision n’a pas été facile à prendre. Mais on est arrivées au bout de nos ressources financières, physiques et mentales. Et on a dû se rendre à l’évidence. Déposer le bilan. Fermer boutique. On a tout donné pour vous permettre de consommer la mode autrement. Vous offrir un dressing de folie à un prix raisonnable. Vous conseiller comme on l’aurait fait pour nos meilleures copines. Vous faire porter des looks d’enfer qui vous donnent la confiance et la banane. Et surtout diminuer l’impact environnemental de toutes vos fêtes. Mais on n’a pas choisi le secteur le plus lucratif. Puis on s’est pris le covid, la crise énergétique, les travaux du châtelain, l’inflation, etc. On a pivoté, adapté la stratégie, re-pivoté, digitalisé, tourbillonné jusqu’à en avoir le tournis… »
Pourquoi on en parle?
Une boutique qui ferme, rien de bien original, à première vue. Pourtant celle-ci avait le mérite d’être particulièrement vertueuse… L’idée de Coucou était de pouvoir louer des robes, pas de devoir les acheter, ni de se tourner vers la fast-fashion pour être bien habillée sans trop dépenser: le concept était séduisant car on louait une robe chic, puis on la rendait pour le prix d’une robe mal coupée sur Shein… Le concept était éthique, écologique, et drôlement bien foutu. Et pourtant, avoir une bonne idée, portée par des filles passionnées, ça n’a pas suffi…
Une faillite qui pose question. On est en effet en droit de se demander si la location de vêtements est vraiment un modèle d’avenir… Sur papier, bien sûr que oui ! Louer plutôt qu’acheter permet de changer plus souvent, de s’offrir le temps d’une soirée un modèle d’une belle marque que l’on aurait pas voulu acheter pour ne le porter qu’une seule fois… Pourtant, dans la réalité, il y a un autre phénomène: les gens s’habillent moins, ils sortent moins, les mariage sont plus petits, plus intimes, moins chics ou même de plus en plus souvent organisés à l’étranger, les pieds dans le sable… toutes ces choses qui font qu’aujourd’hui, louer des robes de cocktail est un marché plus hasardeux, un business qui n’a pas su passer le cap de la rentabilité pour Isa, Marie et l’équipe des filles derrière Coucou… Si les modes alternatifs de consommation comme la seconde main ou la location cartonnent sur le principe, il est vrai que les petits acteurs et les petites boutiques, perdus dans certains quartiers de Bruxelles de plus en plus difficilement accessibles et écrasés de charges par rapport aux grands sites de vente en ligne, ne sont pas les premiers à tirer leur épingle du jeu…
Source : LeSoir