La Suède impute la faillite de la société suédoise Northvolt à la naïveté de l’UE

L’approche « naïve » de l’Union européenne (UE) en matière de règlementation et de commerce avec la Chine et les États-Unis est responsable de la faillite du fabricant suédois de batteries Northvolt, et pourrait renforcer la domination de Pékin dans le secteur des technologies propres, selon la vice-Première ministre suédoise Ebba Busch.

S’adressant aux journalistes avant une réunion des ministres de l’Industrie de l’UE à Bruxelles, jeudi 28 novembre, Ebba Busch a expliqué qu’il n’était pas trop tard pour sauver Northvolt, à condition qu’un « signal fort » soit envoyé depuis Bruxelles, afin de faciliter la levée de nouveaux capitaux.

« Il y a encore de la lumière au bout du tunnel en ce qui concerne Northvolt », a-t-elle voulu croire.

Northvolt, la start-up la mieux financée d’Europe, a déposé le bilan aux États-Unis la semaine dernière, alors qu’elle ne disposait plus que de 30 millions de dollars (28,42 millions d’euros) de liquidités. La société avait depuis sa création levé plus de 15 milliards de dollars (14,21 milliards d’euros).

De manière générale, Ebba Busch a prévenu que l’industrie verte de l’UE risquait d’être dominée par Pékin si aucune mesure n’était prise immédiatement.

« Nous sommes peut-être trop naïfs », a-t-elle souligné. « Les règles du jeu ne sont pas équitables : l’Europe est en train de se faire écraser, entre la guerre commerciale menée par nos chers amis américains et la concurrence asiatique tout à fait déloyale ».

Réduire les règlementations

Pour Ebba Busch, les décideurs politiques de l’UE devraient « avant tout » se concentrer sur la réduction de la charge règlementaire qui pèse sur les entreprises. L’Europe devrait également faire davantage pour diversifier son approvisionnement en matières premières essentielles.

« Nous sommes en train de noyer la compétitivité européenne dans un labyrinthe de règlementations », a-t-elle ajouté. « Ce qui sape la possibilité de mobiliser nos forces et de réduire notre dépendance vis-à-vis de la Chine », a-t-elle encore ajouté, précisant qu’elle espérait que le règlement européen sur les matières premières critiques et les futures règlementations permettront d’ouvrir « encore plus de mines sur le sol européen, et plus particulièrement suédois ».

La vice-Première ministre a souligné que « nous pourrions très bien nous retrouver dans une situation où la transition verte européenne finirait par devenir une transition chinoise sur le sol européen ».

Un document de travail des ministres de l’Industrie de Suède, d’Allemagne et de France, consulté par Euractiv, appelle à une mise en œuvre plus rapide des mesures liées aux batteries, soulignant qu’un « dénominateur commun » créant des difficultés pour les fabricants de batteries européens est que « la concurrence mondiale n’est pas basée sur des règles du jeu équitables ».

Ebba Busch s’est toutefois montrée sceptique quant à l’utilisation de droits de douane pour protéger les fabricants suédois, sans pour autant l’exclure. « Nous sommes un petit pays dépendant des exportations », a-t-elle souligné.

Elle demande plutôt de meilleures conditions pour la fabrication de batteries en Europe, y compris grâce au prochain appel du fonds pour l’innovation, à la mise en œuvre du règlement relatif aux batteries et du règlement pour une industrie « zéro net ».